Lorient. À 85 ans, il sort sans assistance de l’hôpital

« Le 13 au matin, nous avons proposé un rendez-vous à la famille de ce patient âgé, indique la direction du GHBS. Elle a refusé. Les faits sont à confirmer avec les acteurs concernés. Mais, conscients de notre responsabilité, nous allons faire face. »

« Le 13 au matin, nous avons proposé un rendez-vous à la famille de ce patient âgé, indique la direction du GHBS. Elle a refusé. Les faits sont à confirmer avec les acteurs concernés. Mais, conscients de notre responsabilité, nous allons faire face. » | ARCHIVES OUEST-FRANCE

Ouest-FranceCatherine JAOUEN, avec Paul BOULBEN.Modifié le Publié le 

Choquée par la prise en charge, qu’elle estime défaillante, d’un parent âgé, une famille demande des explications à l’hôpital de Lorient. La direction de l’établissement ouvre une enquête interne.

« Nous prenons cette affaire très au sérieux, commente au téléphone Alain Philibert, directeur général adjoint du Groupe hospitalier Bretagne-Sud. Dans l’attente de rencontrer la famille concernée, nous avons déclenché une enquête interne par l’intermédiaire de la direction des soins, afin de faire la lumière sur cette

 série de dysfonctionnements. »

Les faits dont il est question remontent au 12 août 2019. Sur prescription de son médecin traitant, Roger (*), 85 ans, est pris en charge par un VSL (Véhicule sanitaire léger), sur brancard avec oxygène. Le Larmorien souffre de détresse respiratoire, consécutive à un œdème pulmonaire.

Admis en pneumologie

L’octogénaire, qui présente également des troubles relevant d’Alzheimer, est admis aux urgences de l’hôpital du Scorff à 14 h. Son épouse elle-même âgée de 84 ans est présente à ses côtés dans un premier temps. Puis, comme elle ne peut l’accompagner davantage, l’une des filles du couple vient la récupérer.

Dans la soirée, la famille appelle l’hôpital. On lui confirme alors que Roger a été admis en pneumologie.

Ramené à la maison… en taxi et en slip

« Vers 22 h 45, j’étais couchée, raconte l’épouse du patient. J’ai entendu quelqu’un taper très fort sur un volet de mon habitation. Cela m’a réveillée en sursaut et je suis allée ouvrir la porte, très effrayée. »

L’octogénaire, « paniquée », découvre alors un chauffeur de taxi, « entré sur la terrasse, après avoir forcé le portail de notre propriété. Il était accompagné de mon mari, qui était en slip, juste recouvert d’une robe d’hôpital dégrafée, laissant voir ses jambes nues ».

Le chauffeur de taxi, avant de lui réclamer le prix de la course (25 €), explique à la dame âgée que, « sur instruction du GHBS », il lui laisse « tel quel » son mari.

Affolée, l’octogénaire, qui souffre de diabète et du cœur, appelle à l’aide l’une de ses filles qui habite Lorient.

Retour aux urgences à 23 h

Retour aux urgences vers 23 h, pour retrouver les vêtements de Roger. Et surtout avoir des explications sur sa prise en charge et son état de santé.

Sa famille apprend ainsi que le dossier de Roger étant clos, l’hôpital a appelé un taxi pour le reconduire à son domicile.

Le lendemain matin, le 13 août 2019, une autre cadre de l’établissement fait savoir par téléphone que les effets personnels de Roger ont été retrouvés.

De retour – pour la 3e fois – aux urgences, Roger et ses proches sont reçus par cette même cadre. Qui leur indique « clairement que des sanctions et procédures seraient engagées pour qu’une telle situation ne se renouvelle pas ».

La famille ne souhaite pas en rester là. Elle se rend au commissariat, dans l’intention de porter plainte pour « absence de surveillance, de bracelet d’identité sur le patient, d’assistance, de contact avec sa famille et pour mise en danger de sa vie ».

« Une forme de maltraitance »

« Ce n’est pas une plainte contre l’hôpital, précise l’une des filles de Roger. Le personnel subit la situation difficile aux urgences. Mais il y a quand même une forme de maltraitance, une défaillance du système de soins… »

De plainte, il n’y en a pas eu pour l’instant. Car les fonctionnaires de police ont refusé de l’enregistrer.

Sollicité par la rédaction, le commissaire Amaury Le Néel reconnaît un dysfonctionnement. « Une enquête interne va être diligentée. Les consignes de la charte d’accueil du public et des victimes consistent à prendre systématiquement les plaintes. »

Après une nouvelle hospitalisation vendredi 16 août 2019, Roger a retrouvé son domicile. Il est suivi par son médecin traitant. Mais, comme son entourage, il est durablement marqué par ce qu’il a vécu.

(*). Prénom d’emprunt.

 

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